hypnose

L'Hypnose s'impose. Le Figaro

L'Hypnose s'impose - Le Figaro - 15 Mai 2009

PAR MARTINE BETTI-CUSSO ET VÉRONIQUE GROUSSET

Le Figaro


Née en France au XIXe siècle avec le Pr Charcot, mais surtout pratiquée depuis dans les pays anglo-saxons, l'hypnose est en train de faire un retour spectaculaire dans son pays d'origine.

Les praticiens français sont en effet chaque année plus nombreux à suivre une formation afin de pouvoir l'utiliser en complément de leur pratique, dans des domaines aussi variés que la psychiatrie, la psychologie, la dentisterie, l'aneObjet Inconnusthésie, la pédiatrie, les soins infirmiers ou la lutte contre les addictions.Objet Inconnu

 

Objet InconnuRéunis le week-end dernier à Nantes, pour le 6e Forum de l'hypnose et des thérapies brèves de la CFHTB *, ces praticiens ont pu échanger leurs expériences et prendre connaissance des derniers travaux sur cet « outil thérapeutique », dont ils se servent principalement pour soulager la douleur (aiguë ou chronique), ou libérer leurs patients de leurs angoisses.

«Plébiscitée pour sa simplicité, son pragmatisme et son efficacité », selon le psychiatre Thierry Servillat, président de la CFHTB, l'hypnose actuelle n'a cependant plus rien à voir avec la technique autoritaire et ésotérique que le neurologue Charcot enseignait dans les années 1880 à l'école de la Salpêtrière.

 

Revue et considérablement améliorée au siècle dernier par l'Américain Milton Erickson, elle consiste aujourd'hui à plonger le patient «dans un état modifié de conscience» qui, loin de l'endormir ou de l'hystériser, lui permet au contraire de mieux maîtriser ce qu'il éprouve et parfois même de l'évacuer.

 

Sa collaboration active et son degré de motivation sont par conséquent essentiels ; tout autant que la compétence du thérapeute qui le traite. D'où l'importance de ne s'adresser qu'à des praticiens sérieusement formés (sachant que plusieurs diplômes universitaires incluent désormais cette discipline), dont la liste est tenue à jour par tous les conseils de l'ordre. Ceux qui appartiennent à l'un des vingt-deux instituts membres de la CFHTB ont en outre signé une charte de déontologie qui encadre très soigneusement leur pratique.


NDLR : www.hypnose-ericksonienne.org
CFHTB : Confédération Francophone d'Hypnose et Thérapies Brèves

JANET & l'Hypnose

PIERRE JANET & L'HYPNOSE (1859-1947)


Pierre Janet et l'HypnosePierre Janet entreprend à son tour, alors qu'il est professeur au Havre, des recherches sur l'hypnose et montre que celle-ci serait en fait le résultat d'une conscience secondaire dissociée, ou double conscience.

Il se fonde sur les phénomènes de dédoublement de la personnalité et sur ce qu'on appelle les phénomènes d'amnésie Post-hypnotique.

Il rencontre, en effet, des patients atteints de dédoublement de la personnalité qui tantôt présentent une personnalité, tantôt une autre, sans jamais se souvenir de celle qu'ils viennent de quitter.

En outre, le patient hypnotisé profondément ne se rappelle pas ce qui s'est passé pendant l'hypnose.

En émettant l'hypothèse d'une deuxième conscience dissociée, Pierre Janet rejoint les travaux de Freud sur l'inconscient, qui sont en train de naître à l'époque.

Mais le discrédit engendré par les travaux de Charcot, les difficultés à appréhender les phénomènes hypnotiques, l'éclosion des théories psychanalytiques et la non-directivité, font rapidement tomber l'hypnose dans l'oubli en France, et, ce, malgré, précisément, les travaux de Léon Chertok.

Ainsi que le dira Janet : "Les immenses fleuves que sont la psychanalyse et la méthode psychosomatique, ont pris leur source dans l'hypnose, et après s'être détachés d'elle, ils y reviennent de façon souvent détournée, mais de plus en plus accusée."


COUE & l'Hypnose

 

EMILE COUE et L'HYPNOSE



coue hypnoseSes premières années d’expérience lui font prendre conscience de l’efficacité de la suggestion et de l’action déterminante de l’imagination dans le processus de guérison. Coué croit à l’action des médicaments. Mais il pressent aussi que notre esprit est capable de prolonger et d'amplifier cette action. Ayant longuement mûri cette intuition et guidé par un sens très sûr de l’observation, il commence à développer les premiers principes sur lesquels il bâtira plus tard sa méthode :

Toute maladie est double, produisant ses effets sur la condition physique du patient, mais aussi sur son moral. En guidant l’imagination de manière positive, il est possible de faire pencher la balance du bon côté et par là même de déterminer la guérison. Ainsi lorsqu’un malade se persuade que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, il pourra néanmoins obtenir par la suggestion une amélioration optimale de son état.

Parallèlement Coué apprend l'existence d'un médecin original, le docteur Ambroise-Auguste Liébeault qui exerce à Nancy et obtient des résultats étonnants par la pratique de l'hypnose. Il lui rend en 1886 une première visite, et se passionne dès lors pour cette discipline relativement nouvelle fondée sur l'efficacité de la suggestion verbale. Il prend également connaissance des travaux du professeur Hippolyte Bernheim, dans lesquels il trouve la confirmation des principes qu’il pressent et expérimente. Ces deux personnalités représentent l’École de Nancy, courant qui se distingue à l’époque, dans ses conceptions relatives à l’hypnose, de l’École de la Salpêtrière du docteur Charcot.

En 1901, il se rend à Nancy pour approfondir ses connaissances et suit pendant un temps des conférences à la faculté de médecine.

Sa méthode se précise. Elle se fonde sur des principes simples tirés de ses observations :

- Toute idée que nous avons dans l’esprit tend à devenir une réalité dans l’ordre du possible. Ainsi l’idée de guérison peut produire la guérison. Ou bien encore, sur le plan psychologique, considérer comme facile une chose à réaliser en facilite effectivement la réalisation.

- Notre être inconscient ou imaginatif, qui constitue la partie cachée de notre moi, détermine nos états physiques et mentaux. Il est en réalité plus puissant que notre être conscient et volontaire, qu’il englobe entièrement, et c’est lui qui préside à toutes les fonctions de notre organisme et de notre être moral. Donc chaque fois qu’il y a conflit entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte.

- Imagination et volonté doivent par conséquent travailler en synergie : lorsque la volonté et l’imagination sont en accord, elles ne s’additionnent pas l’une à l’autre, mais leurs forces se multiplient l’une par l’autre.

- L’imagination peut être conduite par le moyen d'une autosuggestion méthodique.


La célèbre méthode COUE, basée également sur l'idéo-dynamisme et qui consiste, à prononcer assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle comportant 20 noeuds, la phrase suivante : "Tous les jours, à tous les points de vue, je vais de mieux en mieux".

Il faut répéter cette phrase tous les matins et tous les soirs, au lit, les yeux fermés, sans chercher à fixer son attention sur ce que l'on dit.

Il est à signaler que la méthode Coué est malheureusement toujours sujette à sourires, et ce, uniquement en France.

En effet, en URSS, les soviétiques ont érigé à 500 mètres de la place Rouge, près du tombeau de Lénine, une statue à l'effigie de ce cher Mr Coué.

Comme quoi, nul n'est prophète en son pays !.

PAVLOV & Hypnose

PAVLOV et l'Hypnose

Un prix Nobel va réhabiliter l'Hypnose, il s'agit de Pavlov.

Son nom reste attaché à la découverte des réflexes conditionnés.

Il va redonner à l'Hypnotisme, droit de cité dans la médecine scientifique, et l'arrache définitivement du domaine de la fantaisie et de la magie.

L'Hypnose est donc une croisée des chemins, elle aboutit à la psychanalyse, à la parapsychologie et à la sophrologie.

FREUD & l'Hypnose


Sigmund FREUD & l'Hypnose


Freud HypnoseQuand il arrive à Nancy, de nombreux points étaient marqués pour la démystification de l'Hypnose.
Le courant psychologique l'emportait lentement sur le courant somatique.

Après Nancy, Freud s'en va suivre l'enseignement de Charcot à la Salpétrière.

A son tour, il avait, dans cette admirable appareil de vivisection psychologique, discerné un mécanisme particulier auquel il allait porter son indélébile empreinte : l'ordre, formulé par l'hypnotiseur, s'enfonçait dans le subconscient du patient et y demeurait constitué par un système indépendant sur lequel la conscience du malade n'avait plus de prise.

Arracher ce complexe enfoui, aller plus loin encore dans l'analyse, c'est cette quête qu'enseignera Freud : l'analyse psychique.

De retour à Vienne, Freud reprend la méthode cathartique.

Il fait ainsi revivre, en état d'Hypnose, des scènes oubliées à ses patients, et particulièrement celles qui ont eu une action traumatisante et pathogène.

Mais bientôt, Freud, à son tour, abandonnait l'Hypnose.

En réalité, la technique de l'Hypnose, telle qu'elle était employée par l'école de Nancy avec Bernheim, FREUD la jugeait lassante.

Ce caractère mécanique, stéréotypé, monotone pour le praticien, ne convenait pas à Freud.

Hypnose FreudA plus forte raison, en était-il revenu de l'école de la Salpétrière.

Mais les succès de la psychanalyse contribuèrent, à leur tour, à faire oublier les résultats thérapeutiques précédemment obtenus par l'hypnotisme.

C'est la France qui avait été la terre d'élection de cette prodigieuse aventure.

C'est en France que toutes ces grandes figures que nous venons d'évoquer avaient pris leur historique dimension.
Les techniques nous reviendrons par la suite de Russie, d'Amérique, d'Espagne, dénommées techniques de X, ou Y suivant leurs auteurs.

CHARCOT et l'Hypnose

CHARCOT (1825-1893) et l'Hypnose



hypnose charcotMais en même temps, à Paris, un grand patron, une des gloires de la médecine française, Charcot, (conquis par les démonstrations du belge Donato, qui travaillait surtout sur scène), à son tour surgit, et ces deux grands géants vont créer deux grandes écoles antagonistes qui vont se combattre.
Liébault et l'école de Nancy, Charcot et l'école de la Salpétrière, vont s'affronter aux yeux de toutes les sociétés savantes mondiales de l'époque.

En 1878, Charcot commence ses travaux sur l'Hypnotisme.

En 1882, il présente à l'Académie des Sciences, sa fameuse note, où il écrit les symptômes somatiques fixes de l'Hypnotisme ; "il fallait alors un certain courage pour relever une question mal famée et marcher à l'encontre des préjugés enracinés" et, comme le dit son élève Babinski, Charcot a eu le courage, malgré golibets et critiques qu'il a dédaignés, de réussir dans l'oeuvre qu'il a entreprise; il a fini par faire entrer triomphalement l'Hypnotisme avec lui dans cet Institut qui 30 ans auparavant le condamnait avec autant de dédain et aussi définitivement que le mouvement perpétuel et la quadrature du cercle.

Alors que les magnétiseurs ne pouvaient produire que des faits mal définis, inconstants dans leur apparition, Charcot, qui ne pouvait, lui non plus, définir avec précision, les conditions de cette apparition, décrivait, du moins avec précision, les symptômes qui pouvaient être observés par d'autres expérimentateurs.

Certes, les descriptions étaient précises, mais l'interprétation inexacte.
Tout se passe comme si Charcot s'étaient laissé griser par quelque fantasmagorie, spectacle qui l'entraînait au-delà de la limite ordinaire qu'il s'était fixé. Il a parfaitement observé, mais n'a pas pu juger.

Babinski, son élève, portera plus tard un jugement faussé à son tour par une réaction trop vive, et c'est cette double contradiction qui explique le déclin ; en France, de l'oeuvre de Charcot.

Toutes les conditions étaient réunies pour que, tel l'apprenti sorcier, Charcot ne soit plus maître de ce qu'il avait déchaîné.

Il est prodigieux que le hasard seul ait pu jouer un si grand rôle dans la philosophie de l'histoire de l'Hypnotisme, oui le hasard.

Le hasard fit qu'à la Salpétrière, le bâtiment Sainte-Laure se trouva dans un tel état de vétusté que l'administration hospitalière dut le faire évacuer.
Ce bâtiment appartenait au service de psychiatrie. C'est là que se trouvaient hospitalisés, pêle-mêle avec les aliénés, les épileptiques et les hystériques.
L'administration profita de l'évacuation de ce bâtiment pour séparer enfin, d'avec les aliénés, les épileptiques non aliénés et les hystériques, et comme ces deux catégories de malades présentaient des crises convulsives, elle trouva logique de les réunir et de créer pour elles un quartier spécial sous le nom de "quartier des épileptiques simples".

charcot la leçon du mardiCharcot étant alors le plus ancien des médecins de la Salpétrière, c'est à lui que ce service lui fut confié.C'est ainsi, qu'involontairement, par la force des choses, Charcot se trouva plongé en pleine hystérie.
Et quelle hystérie ! Imaginez la promiscuité qui régnait alors dans les salles du bâtiment, parmi les malades.

Un grand nombre de femmes épileptiques entrées à la Salpétrière depuis de longues années, s'y trouvaient hospitalisées ; elles présentaient des fréquentes attaques, car elles éprouvaient une telle horreur des bromures, que presque toutes préféraient subir les atteintes de leur mal, plutôt que de soumettre à une médication quelconque.

A côté d'elles, intimement mêlées à elles, dans les mêmes dortoirs, dans les mêmes réfectoires, dans les mêmes cours, se trouvaient un certain nombre de jeunes filles hystériques dont les familles, lassées de leurs crises, s'étaient empressées de se débarrasser en les faisant interner à la Salpétrière.

Les résultats d'une pareille promiscuité ne pouvait manquer de se faire sentir.

Certes, les attaques des malheureuses épileptiques ne s'en trouvèrent nullement modifiées, mais il en fut tout autrement pour les crises des hystériques.

A vivre ainsi parmi les épileptiques, à les retenir quand elles tombaient, à les soigner quand leur mal les avait projetées à terre, les jeunes hystériques avaient ressenti des impressions telles que, étant donné les tendances mimétiques de leur névrose, elles reproduisaient dans leurs crises tout l'aspect de l'attaque d'épilepsie pure.

Et c'était là, la grande hystérie, l'hystérie de la Salpétrière, comme affectaient de l'appeler les contradicteurs de Charcot.

Il faut bien reconnaître que, pour les raisons qui viennent d'être données à l'instant, ce type spécial de grande hystérie était passablement artificiel.

Charcot, avec son grand sens clinique, avait bien aperçu tout ce que cette fameuse hystéro-épilepsie empruntait au voisinage trop immédiat des épileptiques ; mais il se laissa emporter par sa tendance à classifier les maladies et les syndromes, et en face de symptômes peu consistants, aussi fuyants, il commit l'erreur de vouloir les enfermer dans un cadre nosologique stable et rigide.

Comme si l'on pouvait décrire les crises d'hystérie avec des traits aussi fermes que ceux qui conviennent pour une attaque d'épilepsie ou pour une crise de vertige de Ménière!

Il faut savoir que Charcot n'endormait JAMAIS lui-même ses malades.

Son chef de clinique, ses internes, se chargeaient de ce soin. Les malades passaient de main en main pendant la matinée; l'après-midi, les internes et souvent aussi les externes, répétaient une ou plusieurs fois les expériences de la matinée, sans songer au mal.

Le résultat de toutes ces pratiques est facile à imaginer : à l'insu de Charcot, se produisaient, sur ces malades, une série de suggestions inconscientes aboutissant à un véritable dressage dont il n'avait aucune connaissance.

Et par cela même, toutes ces recherches sur l'Hypnotisme se sont trouvées viciées par la base.

Charcot ne s'est jamais méfié de la suggestion ; il ne s'est jamais aperçu de l'influence désastreuse que les suggestions involontaires peuvent produire dans les expériences d'Hypnotisme ou pendant une observation sur un hystérique.

Loin de prendre la moindre précaution, il parlait sans cesse à voix haute, devant les malades, annonçant ce qui allait se produire et leur faisant littéralement la leçon.

Il n'est pas étonnant que ses adversaires lui aient si souvent reproché que ses hystériques et son grand Hypnotisme étaient un produit de culture.

Pour ceux qui ont vécu quelque peu dans le milieu de la Salpétrière, il est incontestable que ce reproche était fondé.

Cependant dans les dernières années de sa vie, Charcot fut amené progressivement à changer ses idées sur le mécanisme de la production de quelques symptômes hystériques.

Il avait eu l'occasion d'étudier dans son service plusieurs cas de paralysies hystériques survenus à la suite d'un choc, tel que coup ou chute sur l'épaule.

Malgré son esprit de système, il était bon observateur ; il avait bien vu comment ces paralysies hystériques se produisent ; ce n'est pas brusquement et immédiatement après le traumatisme ; il faut un temps, quelques jours, quelques heures, et pendant ces heures, le malade pense à son accident et en ranime l'idée.

Pour expliquer la paralysie qui s'installe dans ces conditions bien particulières, il jugea qu'on devait recourir à l'hypothèse de la suggestion, ou plutôt de l'auto-suggestion.

 



BERNHEIM & l'Hypnose

Hippolyte BERNHEIM (1840-1919)


Bernheim HypnoseAprès avoir étudié de façon très intense avec Liébault, Bernheim qui était professeur de clinique ericksonienne à l'université de Nancy, commence aussi à utiliser la thérapeutique hypnotique et à noter les avantages qu'elle procure.

Plus subtil que Charcot, ayant le sens de l'humour, ne dédaignent pas l'ironie, il n'a aucune disposition d'esprit à être dupe. Au contraire, le premier, il démystifie l'état hypnotique: le premier, "il porte la hacha dans le dogme de l'hystérie".

Il va, en 1882, au-devant d'un médecin sans titre, au-devant de Liébault, pour découvrir l'existence des phénomènes hypnotiques

Cela nous apparaît inimaginable, aujourd'hui, où le mandarinat a sclérosé toutes les initiatives de cette sorte, et où "un officiel investi", de part sa fonction même, à la science infuse, ne traverserait pas le trottoir d'en face pour assister à des expériences non orthodoxes pratiquées par un sans-grade.

Et donc, Il va perfectionner les techniques utilisées par Liébault et créé finalement les bases scientifiques de l'hypnothérapie moderne. Ses travaux vont d'ailleurs marquer la fin du magnétisme animal.

Il faut cependant signaler que Bernheim a substitué à la conception de suggestibilité par le sommeil provoqué de Liébault la conception de suggestibilité normale à l'état de veille.

Pour Liébault, comme pour Faria, la suggestion, c'est-à-dire "l'idée introduite dans le cerveau est, la clef de l'Hypnose". Hypnotisable, ne signifie donc pas, hystérie, ni même névropathe.
"C'est la suggestion qui domine la plupart des manifestations de l'hypnose; les prétendus phénomènes physiques ne sont, suivant moi, que des phénomènes psychiques". C'est sur ces principes que va se former l'école de Nancy. Petit à petit, on remplacera l'hypnose par la suggestion à l'état vigile, voir même l'autosuggestion (la célèbre méthode Coué).

L'Hypnose n'est absolument pas une névropathie spontanée dans un cas, provoquée dans l'autre comme le voulait la Salpétrière. L'école de Nancy va s'opposer à celle de la Salpétrière car Bernheim va reprocher à Charcot de créer artificiellement les grandes crises hystériques.

Pour Bernheim, le sommeil hypnotique n'est absolument pas nécessaire pour obtenir les phénomènes dits Hypnotiques comme l'anesthésie, la contracture, etc ...

Selon lui, tous ces phénomènes peuvent provoqués par simple suggestion à l'état de veille et par conséquent sans sommeil.

Tout est dans la suggestion, et Bernheim affirme catégoriquement : "Les phénomènes de suggestion ne sont pas fonction d'un état magnétique (voir Mesmer), ni d'un état Hypnotique(voir Braid), ni d'un sommeil provoqué (voir Liébault).

Ils sont fonction d'une propriété physiologique du cerveau qui peut être actionnée à l'état de veille, la suggestibilité".

La suggestibilité peut se définir comme l'aptitude du cerveau à recevoir ou évoquer des idées et sa tendance à les réalise, à les transformer en actes.

C'est à partir des travaux de l'école de Nancy, vers 1889, que Freud va être mis sur la voie de ses recherches sur le conflit, la névrose et l'inconscient.

James BRAID et l'Hypnose

JAMES BRAID (1795-1860)

"JE VOUS MAGNETISE" disait Mesmer.
"JE VOUS HYPNOTISE" dira Braid.


 

Braid et l'hypnoseEn novembre 1841, un chirurgien de Manchester, James Braid, assiste aux démonstrations d'un magnétiseur français La Fontaine. Très rapidement, il se laisse convaincre de la véracité des expériences de ce dernier, mais rejette la théorie du fluide et propose une théorie plus physiologique, basée sur la physiologie cérébrale.

Pour Braid, l'Hypnose est un état spécial du système nerveux provoqué par des moyens artificiels permettant de plonger le patient dans un état de sommeil artificiel, mais surtout de l'influencer à des fins curatives par la suggestion.

Il hypnotise ses patients en leur faisant fixer son doigt ou un objet brillant. Son mérite est d'avoir compris qu'hypnotiser, relevait plus d'un Savoir que d'un Pouvoir ; d'un pouvoir quelconque et d'avoir montré toute l'importance de la suggestion verbale.

C'est James Braid qui a introduit la technique de fixation visuelle d'objets comme méthode d'induction hypnotique et qui a créé le terme " d'Hypnotisme ".
Il utilisa l'Hypnose à Londres comme thérapeutique de suggestion et pratiqua même quelques interventions chirurgicales sous analgésie hypnotique.


 

Abbé Faria

L'ABBE FARIA (1750-1818)


Un étrange personnage que cet abbé. Prêtre portugais se disant brahmane et venant des Indes, l'abbé Faria (qui a donné naissance à un des personnage du roman d'Alexandre Dumas : le comte de Monté-Christo), parle également de "sommeil lucide".

Il magnétise ses sujets en leur ordonnant brusquement : DORMEZ !
Il prétend que le sommeil magnétique dépend non du magnétiseur mais du patient lui-même.

Il rejette tout à la fois les théories de Mesmer, c'est-à-dire l'existence d'un fluide, et de Puységur, c'est-à-dire l'action de la volonté; il ouvre une autre voie à l'hypnose.

Bernheim dit de lui : "L'Abbé Faria, a eu le mérite incontestable d'avoir le premier établi la doctirne de la méthode de l'hypnose par la suggestion, et de l'avoir nettement dégagée des pratiques singulières et inutiles qui cachaient la vérité".


Franz Anton Mesmer

Franz Anton Mesmer est un personnage très controversé, pour les autres, Mesmer thérapeute pour les uns, charlatan aurait, selon certains, " peu inventé mais beaucoup emprunté ".peut dire, qu'il y aura Mais en tout cas, on désormais AVANT et APRES AVANT et APRES MESMER, comme il y a AVANT et APRES PAVLOV, EINSTEIN. Il est le fondateur du "magnétisme animal".

MESMER, naît à SOUABE, en 1734 près du lac de Constance, en Allemagne. Il débute ses études secondaires par des études de théologie. Puis il passe en 1766 son doctorat de médecine en présentant une thèse sur "l'influence des planètes sur les maladies humaines" à 32 ans.

Puis la destinée de MESMER va se construire comme un roman balzacien. Il épouse tout d'abord la veuve, d'un âge certain, mais d'une fortune beaucoup plus certaine encore, d'un Conseiller à la Cour. Il est à l'aise dans l'opulence dorée du palais de Feu Monsieur le Conseiller. Ce mariage va lui permettre de s'introduire à la cour d'Autriche.

En 1774, Mesmer rencontre le père Hell, jésuite et professeur d'astrologie, qui guérissait les malades au moyen de fers aimantés. Et Mesmer va emprunter cette technique des fers aimantés.

Sa réputation va grandir en même temps que se lève l'armée des envieux. Certains disaient de lui : "Quelque fois il se met au lit avec ses malades pour accélérer l'influence".

MESMER fut expulsé de la faculté de médecine de Vienne pour " pratiques charlatanesques ", il abandonne tout, sa femme, sa clinique, et s'enfuit à Paris. Il rencontre alors le Dr Derban, qui est régent de la faculté et 1er médecin du comte d'Artois. Avec lui, il commence à traiter les malades qui affluent.

Aussi met-il au point un système qui permet de traiter plus de 30 malades à la fois.

Mesmer n'ayant jamais voulu entrer dans la description des ses procédés, voici comment les témoins, dont Puységur, décrivent ces séances:

"Au milieu d'une grande salle, se trouvait "l'Instrument" ; un véritable baquet en bon bois de chêne, d'une hauteur de 50cm.
Et dans ce baquet, de l'eau.
Et dans l'eau, trempait du verre pilé, de la limaille et d'autres ingrédients en tout genre.
Un couvercle percé de trous recouvre le tout ; de ces trous sortent des branches de fer coudés et mobiles.
Dans cette pièce, il existe 4 baquets dont l'un, un peu à l'écart, est gratuit : il est réservé aux pauvres et aux indigents, et donne de moins bons résultats que les autres.
Dans un coin de la salle, un pianiste joue de préférence du Mozart et parfois des chants voilés et douloureux.
De lourds rideaux ne laissent pénétrer qu'une lumière tamisée.
Les malades silencieux, attendent, installés sur plusieurs rangs, autour d'un baquet qui occupe toute leur attention, et tout l'espace.

C'est un véritable rétrécissement du champ de la conscience devant le baquet immense.

Chacun tient une des tiges de fer qui sort du couvercle et l'applique sur la région malade.
Une corde passée autour du corps unit les patients entre eux.
Le magnétiseur passe autour des patients en les fixant dans les yeux, promène devant, ou sur eux, sa baguette ou sa main.
Quel rituel sacré ! Tous sont soumis au magnétiseur.
"Le maître de cette foule, lit-on à l'époque, était ici Mesmer vêtu d'un habit de soie couleur lilas, promenant sa baguette avec une autorité souveraine.

Il faut savoir que les salles où ces scènes se passaient, avaient reçu le nom d'" Enfer à Convulsions ".

Alors, très vite, le baquet fait fureur dans la haute société.

Mais à partir de 1784, apparaissent alors les premiers démêlés avec l'Académie des Sciences et la Société Royale de Médecine. Dans le rapport des commissaires chargés par le roi de l'examen du magnétisme animal, on lit :

"L'imagination sans magnétisme produit des convulsions...Le magnétisme sans l'imagination ne produit rien."

Le rapport est signé entre autre par B.Franklin, Guillotin, Lavoisier et l'astronome Bailly.

Après la condamnation du Mesmérisme par le rapport que cependant Jussieu ( à 30 ans, premier botaniste du monde ) avait refusé de signer, Mesmer retourne en Allemagne.

Là un nouvel échec contribue à ébranler la foi qu'il avait en lui : en effet, il n'arrive pas à influencer le Prince Henri de Prusse.

Après une brève tentative à Londres, il retourne une dernière fois dans son pays, et meurt, quasiment oublié de tous à Meersbourg en 1815, à quelques kilomètres de l'endroit ou il est né, près du lac de Constance.

Si nous nous sommes un peu attardés sur la vie de MESMER, sur sa destinée, c'est qu'elle essentielle si on veut comprendre ce qu'est l'Hypnose.

MESMER était-il un charlatan ou génie? On n'a pas fini d'épiloguer.

On peut synthétiser la pensée de Mesmer en disant que pour lui certains individus possèdent la capacité d'influencer d'autres individus grâce à l'existence d'un fluide qu'il baptise le "fluide animal".

A partir de Mesmer, 3 grands mouvements vont se développer:

1/Le Fluidisme : ce mouvement croit en l'existence d'un fluide utilisable pour influencer le patient et provoquer ainsi un état spécial permettant une action thérapeutique.

C'est pourquoi, de nos jours encore, certains hypnotiseurs ou magnétiseurs utilisent passes et manipulations comme à l'époque de Mesmer.

2/Le mouvement Neurophysiologique, avec l'anglais Braid et le français Charcot, qui rejette l'idée de fluide et qui, s'appuyant sur la neurophysiologie, croit en l'existence de modifications fonctionnelles du cerveau provoquées par des moyens artificiels, plus particulièrement par la parole, permettant ainsi une action curative due à la suggestion et aux modifications fonctionnelles de l'organisme qui les subit.

3/Le mouvement Physiologique, avec Puységur et les scientifiques Liébault, Bernheim et Janet, qui rejette également la notion de fluide et insiste sur la suggestibilité et les modifications physiologiques qu'entraîne la suggestion.

Ces deux derniers mouvements, qui ne s'opposent d'ailleurs pas, sont à la base de toutes nos recherches modernes sur l'Hypnose.