charcot
Hypnose: état hypnotique
DEFINITION DE L'HYPNOSE
Définir l'état hypnotique n'est pas une chose simple. Cette technique, connue depuis l'antiquité, est toujours entourée d'un halo de mystère auprès du grand public. Elle suscite crainte, méfiance, et paradoxalement une évidente attraction.
L'état Hypnotique s'accompagne de toute une série de phénomènes appelés phénomènes Hypnotiques, qui vont de la sensation d'engourdissement et de somnolence, aux "hallucinations" visuelles et auditives, en passant par des sensations de lourdeur avec impossibilité de bouger les membres, d'analgésie...etc.
En fait, l'état Hypnotique,
n'est qu'un état de conscience modifié.
Liébault parle d'un sommeil provoqué avec exaltation de la suggestibilité, et Bernheim le définit comme un état psychique particulier susceptible d'être provoqué et qui augmente à des degrés divers la suggestibilité.
Pour Pavlov, l'état Hypnotique est un état intermédiaire entre la veille et le sommeil. Il s'agirait d'un état physiologique bien particulier du cerveau, ni un état de vigilance, ni un état de sommeil avec perte de conscience comme on l'a bien souvent cru.
Mais il faut bien garder en mémoire que la relation entre l'hypnotiseur et l'hypnotisé représente la plus ancienne relation psychothérapique. La psychanalyse s'est fondée en bonne partie sur l'étude et la critique de cette relation : elle l'à, à son tour, rendue intelligible en permettant d'entrevoir les lois qui la régissent.
Pendant la décennie 1880-1890, marquée par la lutte passionnée entre les écoles de Nancy et de la Salpétrière, un bouillonnement d’idées fécondes et un énorme développement des recherches attirèrent en France un grand nombre d’étrangers. Parmi eux se trouvait Freud, qui profita successivement des leçons de Charcot, et de celles de Bernheim. Ce furent pour lui des enseignements décisifs qui le menèrent vers la découverte de la psychanalyse.
À la mort de Charcot, commençera le déclin de l’hypnose, qui fut presque total en France, où seul Pierre Janet continua de s’y intéresser. Ce déclin fut cependant moins marqué à l’étranger et un certain renouveau se manifesta après la Première Guerre mondiale pendant laquelle l’hypnose s’était révélée utile dans le traitement des névroses chez les combattants. Des recherches furent alors entreprises particulièrement aux États-Unis et, en U.R.S.S., par l’école pavlovienne. Mais ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale qu’elles se multiplient, surtout aux États-Unis. En France, la réhabilitation de l’hypnose s’amorce vers 1950, avec les travaux de Léon Chertok et du Pr Raphael Chercheve.
L'Hypnose s'impose. Le Figaro
L'Hypnose s'impose - Le Figaro - 15 Mai 2009
PAR MARTINE BETTI-CUSSO ET VÉRONIQUE GROUSSET
Le Figaro
Les praticiens français sont en effet chaque année plus nombreux à suivre une formation afin de pouvoir l'utiliser en complément de leur pratique, dans des domaines aussi variés que la psychiatrie, la psychologie, la dentisterie, l'anesthésie, la pédiatrie, les soins infirmiers ou la lutte contre les addictions.
Réunis le week-end dernier à Nantes, pour le 6e Forum de l'hypnose et des thérapies brèves de la CFHTB *, ces praticiens ont pu échanger leurs expériences et prendre connaissance des derniers travaux sur cet « outil thérapeutique », dont ils se servent principalement pour soulager la douleur (aiguë ou chronique), ou libérer leurs patients de leurs angoisses.
Revue et considérablement améliorée au siècle dernier par l'Américain Milton Erickson, elle consiste aujourd'hui à plonger le patient «dans un état modifié de conscience» qui, loin de l'endormir ou de l'hystériser, lui permet au contraire de mieux maîtriser ce qu'il éprouve et parfois même de l'évacuer.
NDLR : www.hypnose-ericksonienne.org
CFHTB : Confédération Francophone d'Hypnose et Thérapies Brèves
JANET & l'Hypnose
PIERRE JANET & L'HYPNOSE (1859-1947)
Pierre Janet entreprend à son tour, alors qu'il est professeur au Havre, des recherches sur l'hypnose et montre que celle-ci serait en fait le résultat d'une conscience secondaire dissociée, ou double conscience.
Il se fonde sur les phénomènes de dédoublement de la personnalité et sur ce qu'on appelle les phénomènes d'amnésie Post-hypnotique.
Il rencontre, en effet, des patients atteints de dédoublement de la personnalité qui tantôt présentent une personnalité, tantôt une autre, sans jamais se souvenir de celle qu'ils viennent de quitter.
En outre, le patient hypnotisé profondément ne se rappelle pas ce qui s'est passé pendant l'hypnose.
En émettant l'hypothèse d'une deuxième conscience dissociée, Pierre Janet rejoint les travaux de Freud sur l'inconscient, qui sont en train de naître à l'époque.
Mais le discrédit engendré par les travaux de Charcot, les difficultés à appréhender les phénomènes hypnotiques, l'éclosion des théories psychanalytiques et la non-directivité, font rapidement tomber l'hypnose dans l'oubli en France, et, ce, malgré, précisément, les travaux de Léon Chertok.
Ainsi que le dira Janet : "Les immenses fleuves que sont la psychanalyse et la méthode psychosomatique, ont pris leur source dans l'hypnose, et après s'être détachés d'elle, ils y reviennent de façon souvent détournée, mais de plus en plus accusée."
COUE & l'Hypnose
EMILE COUE et L'HYPNOSE
Ses premières années d’expérience lui font prendre conscience de l’efficacité de la suggestion et de l’action déterminante de l’imagination dans le processus de guérison. Coué croit à l’action des médicaments. Mais il pressent aussi que notre esprit est capable de prolonger et d'amplifier cette action. Ayant longuement mûri cette intuition et guidé par un sens très sûr de l’observation, il commence à développer les premiers principes sur lesquels il bâtira plus tard sa méthode :
Toute maladie est double, produisant ses effets sur la condition physique du patient, mais aussi sur son moral. En guidant l’imagination de manière positive, il est possible de faire pencher la balance du bon côté et par là même de déterminer la guérison. Ainsi lorsqu’un malade se persuade que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, il pourra néanmoins obtenir par la suggestion une amélioration optimale de son état.
Parallèlement Coué apprend l'existence d'un médecin original, le docteur Ambroise-Auguste Liébeault qui exerce à Nancy et obtient des résultats étonnants par la pratique de l'hypnose. Il lui rend en 1886 une première visite, et se passionne dès lors pour cette discipline relativement nouvelle fondée sur l'efficacité de la suggestion verbale. Il prend également connaissance des travaux du professeur Hippolyte Bernheim, dans lesquels il trouve la confirmation des principes qu’il pressent et expérimente. Ces deux personnalités représentent l’École de Nancy, courant qui se distingue à l’époque, dans ses conceptions relatives à l’hypnose, de l’École de la Salpêtrière du docteur Charcot.
En 1901, il se rend à Nancy pour approfondir ses connaissances et suit pendant un temps des conférences à la faculté de médecine.
Sa méthode se précise. Elle se fonde sur des principes simples tirés de ses observations :
- Toute idée que nous avons dans l’esprit tend à devenir une réalité dans l’ordre du possible. Ainsi l’idée de guérison peut produire la guérison. Ou bien encore, sur le plan psychologique, considérer comme facile une chose à réaliser en facilite effectivement la réalisation.
- Notre être inconscient ou imaginatif, qui constitue la partie cachée de notre moi, détermine nos états physiques et mentaux. Il est en réalité plus puissant que notre être conscient et volontaire, qu’il englobe entièrement, et c’est lui qui préside à toutes les fonctions de notre organisme et de notre être moral. Donc chaque fois qu’il y a conflit entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte.
- Imagination et volonté doivent par conséquent travailler en synergie : lorsque la volonté et l’imagination sont en accord, elles ne s’additionnent pas l’une à l’autre, mais leurs forces se multiplient l’une par l’autre.
- L’imagination peut être conduite par le moyen d'une autosuggestion méthodique.
La célèbre méthode COUE, basée également sur l'idéo-dynamisme et qui consiste, à prononcer assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle comportant 20 noeuds, la phrase suivante : "Tous les jours, à tous les points de vue, je vais de mieux en mieux".
Il faut répéter cette phrase tous les matins et tous les soirs, au lit, les yeux fermés, sans chercher à fixer son attention sur ce que l'on dit.
Il est à signaler que la méthode Coué est malheureusement toujours sujette à sourires, et ce, uniquement en France.
En effet, en URSS, les soviétiques ont érigé à 500 mètres de la place Rouge, près du tombeau de Lénine, une statue à l'effigie de ce cher Mr Coué.
Comme quoi, nul n'est prophète en son pays !.
FREUD & l'Hypnose
Sigmund FREUD & l'Hypnose
Quand il arrive à Nancy, de nombreux points étaient marqués pour la démystification de l'Hypnose.
Le courant psychologique l'emportait lentement sur le courant somatique.
Après Nancy, Freud s'en va suivre l'enseignement de Charcot à la Salpétrière.
A son tour, il avait, dans cette admirable appareil de vivisection psychologique, discerné un mécanisme particulier auquel il allait porter son indélébile empreinte : l'ordre, formulé par l'hypnotiseur, s'enfonçait dans le subconscient du patient et y demeurait constitué par un système indépendant sur lequel la conscience du malade n'avait plus de prise.
Arracher ce complexe enfoui, aller plus loin encore dans l'analyse, c'est cette quête qu'enseignera Freud : l'analyse psychique.
De retour à Vienne, Freud reprend la méthode cathartique.
Il fait ainsi revivre, en état d'Hypnose, des scènes oubliées à ses patients, et particulièrement celles qui ont eu une action traumatisante et pathogène.
Mais bientôt, Freud, à son tour, abandonnait l'Hypnose.
En réalité, la technique de l'Hypnose, telle qu'elle était employée par l'école de Nancy avec Bernheim, FREUD la jugeait lassante.
Ce caractère mécanique, stéréotypé, monotone pour le praticien, ne convenait pas à Freud.
A plus forte raison, en était-il revenu de l'école de la Salpétrière.
Mais les succès de la psychanalyse contribuèrent, à leur tour, à faire oublier les résultats thérapeutiques précédemment obtenus par l'hypnotisme.
C'est la France qui avait été la terre d'élection de cette prodigieuse aventure.
C'est en France que toutes ces grandes figures que nous venons d'évoquer avaient pris leur historique dimension.
Les techniques nous reviendrons par la suite de Russie, d'Amérique, d'Espagne, dénommées techniques de X, ou Y suivant leurs auteurs.
CHARCOT et l'Hypnose
CHARCOT (1825-1893) et l'Hypnose
Mais en même temps, à Paris, un grand patron, une des gloires de la médecine française, Charcot, (conquis par les démonstrations du belge Donato, qui travaillait surtout sur scène), à son tour surgit, et ces deux grands géants vont créer deux grandes écoles antagonistes qui vont se combattre.
Liébault et l'école de Nancy, Charcot et l'école de la Salpétrière, vont s'affronter aux yeux de toutes les sociétés savantes mondiales de l'époque.
En 1878, Charcot commence ses travaux sur l'Hypnotisme.
En 1882, il présente à l'Académie des Sciences, sa fameuse note, où il écrit les symptômes somatiques fixes de l'Hypnotisme ; "il fallait alors un certain courage pour relever une question mal famée et marcher à l'encontre des préjugés enracinés" et, comme le dit son élève Babinski, Charcot a eu le courage, malgré golibets et critiques qu'il a dédaignés, de réussir dans l'oeuvre qu'il a entreprise; il a fini par faire entrer triomphalement l'Hypnotisme avec lui dans cet Institut qui 30 ans auparavant le condamnait avec autant de dédain et aussi définitivement que le mouvement perpétuel et la quadrature du cercle.
Alors que les magnétiseurs ne pouvaient produire que des faits mal définis, inconstants dans leur apparition, Charcot, qui ne pouvait, lui non plus, définir avec précision, les conditions de cette apparition, décrivait, du moins avec précision, les symptômes qui pouvaient être observés par d'autres expérimentateurs.
Certes, les descriptions étaient précises, mais l'interprétation inexacte.
Tout se passe comme si Charcot s'étaient laissé griser par quelque fantasmagorie, spectacle qui l'entraînait au-delà de la limite ordinaire qu'il s'était fixé. Il a parfaitement observé, mais n'a pas pu juger.Babinski, son élève, portera plus tard un jugement faussé à son tour par une réaction trop vive, et c'est cette double contradiction qui explique le déclin ; en France, de l'oeuvre de Charcot.
Toutes les conditions étaient réunies pour que, tel l'apprenti sorcier, Charcot ne soit plus maître de ce qu'il avait déchaîné.
Il est prodigieux que le hasard seul ait pu jouer un si grand rôle dans la philosophie de l'histoire de l'Hypnotisme, oui le hasard.
Le hasard fit qu'à la Salpétrière, le bâtiment Sainte-Laure se trouva dans un tel état de vétusté que l'administration hospitalière dut le faire évacuer.
Ce bâtiment appartenait au service de psychiatrie. C'est là que se trouvaient hospitalisés, pêle-mêle avec les aliénés, les épileptiques et les hystériques.
L'administration profita de l'évacuation de ce bâtiment pour séparer enfin, d'avec les aliénés, les épileptiques non aliénés et les hystériques, et comme ces deux catégories de malades présentaient des crises convulsives, elle trouva logique de les réunir et de créer pour elles un quartier spécial sous le nom de "quartier des épileptiques simples".Charcot étant alors le plus ancien des médecins de la Salpétrière, c'est à lui que ce service lui fut confié.C'est ainsi, qu'involontairement, par la force des choses, Charcot se trouva plongé en pleine hystérie.
Et quelle hystérie ! Imaginez la promiscuité qui régnait alors dans les salles du bâtiment, parmi les malades.Un grand nombre de femmes épileptiques entrées à la Salpétrière depuis de longues années, s'y trouvaient hospitalisées ; elles présentaient des fréquentes attaques, car elles éprouvaient une telle horreur des bromures, que presque toutes préféraient subir les atteintes de leur mal, plutôt que de soumettre à une médication quelconque.
A côté d'elles, intimement mêlées à elles, dans les mêmes dortoirs, dans les mêmes réfectoires, dans les mêmes cours, se trouvaient un certain nombre de jeunes filles hystériques dont les familles, lassées de leurs crises, s'étaient empressées de se débarrasser en les faisant interner à la Salpétrière.
Les résultats d'une pareille promiscuité ne pouvait manquer de se faire sentir.
Certes, les attaques des malheureuses épileptiques ne s'en trouvèrent nullement modifiées, mais il en fut tout autrement pour les crises des hystériques.
A vivre ainsi parmi les épileptiques, à les retenir quand elles tombaient, à les soigner quand leur mal les avait projetées à terre, les jeunes hystériques avaient ressenti des impressions telles que, étant donné les tendances mimétiques de leur névrose, elles reproduisaient dans leurs crises tout l'aspect de l'attaque d'épilepsie pure.
Et c'était là, la grande hystérie, l'hystérie de la Salpétrière, comme affectaient de l'appeler les contradicteurs de Charcot.
Il faut bien reconnaître que, pour les raisons qui viennent d'être données à l'instant, ce type spécial de grande hystérie était passablement artificiel.
Charcot, avec son grand sens clinique, avait bien aperçu tout ce que cette fameuse hystéro-épilepsie empruntait au voisinage trop immédiat des épileptiques ; mais il se laissa emporter par sa tendance à classifier les maladies et les syndromes, et en face de symptômes peu consistants, aussi fuyants, il commit l'erreur de vouloir les enfermer dans un cadre nosologique stable et rigide.
Comme si l'on pouvait décrire les crises d'hystérie avec des traits aussi fermes que ceux qui conviennent pour une attaque d'épilepsie ou pour une crise de vertige de Ménière!
Il faut savoir que Charcot n'endormait JAMAIS lui-même ses malades.
Son chef de clinique, ses internes, se chargeaient de ce soin. Les malades passaient de main en main pendant la matinée; l'après-midi, les internes et souvent aussi les externes, répétaient une ou plusieurs fois les expériences de la matinée, sans songer au mal.
Le résultat de toutes ces pratiques est facile à imaginer : à l'insu de Charcot, se produisaient, sur ces malades, une série de suggestions inconscientes aboutissant à un véritable dressage dont il n'avait aucune connaissance.
Et par cela même, toutes ces recherches sur l'Hypnotisme se sont trouvées viciées par la base.
Charcot ne s'est jamais méfié de la suggestion ; il ne s'est jamais aperçu de l'influence désastreuse que les suggestions involontaires peuvent produire dans les expériences d'Hypnotisme ou pendant une observation sur un hystérique.
Loin de prendre la moindre précaution, il parlait sans cesse à voix haute, devant les malades, annonçant ce qui allait se produire et leur faisant littéralement la leçon.
Il n'est pas étonnant que ses adversaires lui aient si souvent reproché que ses hystériques et son grand Hypnotisme étaient un produit de culture.
Pour ceux qui ont vécu quelque peu dans le milieu de la Salpétrière, il est incontestable que ce reproche était fondé.
Cependant dans les dernières années de sa vie, Charcot fut amené progressivement à changer ses idées sur le mécanisme de la production de quelques symptômes hystériques.
Il avait eu l'occasion d'étudier dans son service plusieurs cas de paralysies hystériques survenus à la suite d'un choc, tel que coup ou chute sur l'épaule.
Malgré son esprit de système, il était bon observateur ; il avait bien vu comment ces paralysies hystériques se produisent ; ce n'est pas brusquement et immédiatement après le traumatisme ; il faut un temps, quelques jours, quelques heures, et pendant ces heures, le malade pense à son accident et en ranime l'idée.
Pour expliquer la paralysie qui s'installe dans ces conditions bien particulières, il jugea qu'on devait recourir à l'hypothèse de la suggestion, ou plutôt de l'auto-suggestion.